Vincento, duc de Vienne, a laissé, par incurie, dormir la LOI pendant 19 ans et aujourd’hui: «La licence tire la justice par le nez. . . Car un Prince se trouvera plus humain en faisant un petit nombre d’exemples nécessaires que ceux qui, par trop d’indulgence, encouragent les désordres et entraînent avec eux les meurtres et les brigandages» ... (Machiavel : Le Prince). Le duc passe donc la main, Il nomme un remplaçant, un homme de fer, un homme de dogme: Angelo, qui se salira les mains à sa place et endossera l’inévitable impopularité qu’entraînent rigueur et intransigeance.
Angelo, s’accrochant à ses principes, exhume des lois archaïques et condamne sans clémence. Mais le désir foudroie le tyran, la bête se déchaîne. Il n’est plus en mesure d’obéir à ses propres lois:
«La vertu est saisie par le vice, la justice commet le crime, les juges se font voleurs, la pureté engendre la luxure, le mensonge remédie à l’hypocrisie»...
La tyrannie d’Angelo se transforme alors en illusion, car tout pouvoir est illusoire. Découvrant soudain jusqu’où même l’abandon de ses responsabilités, le duc décide de s’opposer au remplaçant qu’il s’est choisi. Il invente un stratagème qui mène Angelo sur la place publique dans un simulacre de procès qui transforme le juge en accusé. Le masque d’Angelo tombe en même temps que le froc du moine, sous lequel le duc s’était caché et celui-ci réapparaît en maître du jeu, en vainqueur, en vrai seigneur pour la première fois.
Clairmonde LIEVAUX